Léon Palustre - suite
Léon Dehon fait la connaissance de son futur ami Léon Palustre (1838-1894) au cours de son deuxième voyage en Angleterre. Celui-ci parle avec tant d'enthousiasme de son projet de faire un tour de toute l'Angleterre, que Léon Dehon s'y joint promptement. Ainsi est née une amitié profonde qui ne sera jamais plus terminée.
Sur le caractère de Palustre, Dehon lui-même écrit: "Il avait le caractère difficile, une volonté de fer et une nature hautaine, il... avait les goûts et les manières d'un grand seigneur." (NHV I/64v et NHV II/2r) C'est proprement le tempérament de Palustre qui conduit les deux amis parfois dans des situations difficiles. L'épisode le plus connu se déroule pendant leur voyage en Orient, quand ils arrivent à la frontière entre l'Égypte et l'Empire Ottoman pour continuer leur voyage vers Jérusalem. Déjà pendant leur séjour en Égypte, Palustre s'en était pris à plusieurs reprises aux mendiants. Arrivé à la frontière, un soldat ottoman demande un certificat de santé aux deux français. Palustre ne comprenant ni la demande ni qu'il s'agissait d'un soldat se mettait en colère et cravachait le soldat. Le P. Dehon écrit: "
L'affaire était grave: cravacher un soldat du Nizan. L'officier du poste décida qu'on allait nous enfermer d'abord puis nous expédier à Constantinople... Je crus bien un moment qu'au lieu d'aller passer les fêtes de Pâques aux Lieux saints, nous irions les passer à Stamboul." (NHV III/143) Mais après avoir expliqué le malentendu -- le soldat ne portant pas d'uniforme officiel -- les deux amis purent continuer leur voyage.
À la fin de l'année 1868 chacun d'eux fait un pas décisif dans sa vie: Léon Dehon est ordonné prêtre le 19 décembre, et seulement quelques jours après, Léon Palustre se marie. La lettre de Dehon envoyée à cette occasion à son ami est encore une fois l'attestation d'une amitié profonde entre les deux:
"Mon cher ami, Tes voeux sont accomplis, te voilà chef de famille. Je t'en félicite et je suis persuadé que tu y trouveras ton bonheur. Mes souhaits et mes prières t'accompagnent dans ce grand acte de ta vie. J'ai offert pour toi mardi dernier le saint sacrifice. J'espère que Dieu bénira ton mariage... Tu me manquais le 19 décembre. On est heureux en ces grands jours d'avoir près de soi des amis qui vous aident à demander les grâces de Dieu et qui participent à vos joies. J'avais au moins mon père et ma mère, ce que je n'avais jamais espéré... Je ne te décrirai pas les consolations dont Dieu accompagne ses grâces. Tu les as quelquefois goûtées." (LD 107, lettre du 15 janvier 1869)